lundi 3 juillet 2017

Festival du Film de La Rochelle / Film n°7 – Faute d'amour

Film n°7: Faute d'amour, d'Andreï Zviaguintsev, 2017, 2h08


Les premiers plans du film sont catégoriques: quelque chose est mort, a gelé, s'est fissuré au milieu, et seuls les reflets d'en bas témoignent de l'existence d'une surface. Des arbres enneigés, pliés, tordus, tendus vers l'eau en dessous de laquelle ils se répètent, ou s'annulent.

Nelyubov – littéralement: sans amour – de Zviaguintsev, c'est avant tout un cadre et une lumière: un cadre qui emprisonne mais également protège encore un temps de l'explosion (plans derrière une fenêtre, intérieurs structurés en grille), avec une caméra qui avance lentement, puis soudain s'arrête, et finalement repart ; une lumière basse, froide, pénombreuse, non pas transfigurée par la nuit mais interdite de jour, de couleurs vives. Dans cet entre-monde, deux êtres se déchirent sans prendre garde à l'enfant qui pleure. Qui pleure puis fugue.

La ligne de fuite – invisible, indétectable – de l'enfant, qui survient à la faveur des deux parallèles égoïstes des parents, chacun pris déjà dans une nouvelle figure du couple (un autre enfant/ plus jamais d'enfant), cette ligne de fuite va fissurer davantage le monde des adultes. Où est passé l'enfant? De quel puzzle déjà détruit est-il la pièce manquante? Quelle communauté pour le retrouver? Ça s'organise: taches orange des hommes et femmes partis à sa recherche qui avancent dans la forêt tels les premiers hommes aux torches fragiles. La disparition, signe avant-coureur de la dévoration. Comme la caméra, la musique enfle puis s'interrompt avant de reprendre. C'est un souffle, qui se nourrit d'apnée. 


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