vendredi 27 janvier 2017

Le possessif qui pue: quand Valls joue les féministes

Une phrase de Manuel Valls, prononcée sur France Info, a retenu mon attention, phrase qu'il a globalement ressortie telle quelle lors de son débat avec Benoît Hamon:

"ll y a des ambiguïtés et des risques d'accommodements de sa part [avec l'islamisme radical], c'est un des débats que nous avons à gauche, a-t-il déclaré. Il me semble important qu'on soit au clair. Il ne peut pas y avoir le moindre compromis avec les communautarismes et avec ces pratiques qui concernent nos femmes."
Au-delà du salmigondis ici énoncé et qui ne vise qu'à racler le fond des urnes, la formule – car c'en est une, hélas – "nos femmes" me semble révélatrice. Ce possessif – si déplacé qu'il est venu à Valls plus naturellement qu'une crispation buccale, c'est pour dire – dénote une telle spontanéité qu'on évitera de parler de lapsus ou de licence langagière. Entre dire "ma femme" en privé et "nos femmes" en public, on a a droit ici à un grand écart qui vous donne envie de croiser les jambes. 

Imagine-t-on un seul instant Simone Veil évoquer la "responsabilité de nos hommes" devant l'Assemblée nationale lors du débat sur l'avortement? Un tel écart de langage (et de pensée) aurait sans nul doute été aussitôt sanctionné par une armée de rires virilo-bedonnants. De fait, ces notables au sperme volage n'avaient guère besoin de ce genre de dérive langagière pour excrémenter leur hypocrisie sur le réquisitoire de Simone Veil. 

"Nos femmes" ? Faut-il vraiment faire le détour par le spectre fantoche de l'islamo-gauchisme, ce point Godwin de la pétoche électorale, et qui vaut largement le "judéo-bolchévisme" des années 30, pour en arriver à parler des femmes comme s'il s'agissait d'un troupeau à protéger ou d'un mobilier à épargner? Au droit de cuissage a succédé le droit linguistique, c'est chose connue. 

Le langage est un piège à loup qui mord même les petits bergers crispés. Mais c'est sans doute parce qu'aucune femme, quelle que soit sa responsabilité civile, politique et morale, n'aura l'idée (ni l'intérêt) de dire "nos hommes" qu'un homme, justement, pense qu'il peut, l'air de rien, dire "nos femmes", comme s'il partageait, en bonne politique, la conception de ces polygames dont il doit pourtant réprouver la gourmandise.

Le diable est dans les détails, me direz-vous. Comme le loup, vous répondrai-je, dont on voit toujours la queue en premier.


jeudi 26 janvier 2017

La permanence de la peur: Civico ou comment rompre mieux

(Victor Hugo, Le pendu)
On entre dans La peau, l'écorce, le deuxième roman d'Alexandre Civico, en baissant légèrement la tête, comme pour éviter que nous frôlent les pieds des pendus de Villon, à la chair trop nourrie, aux os enfin cendres, et dont le chant berce le lecteur dès l'exergue. Ce faisant on en oublierait presque que ces corps à présent écorchés – écorcés, aimerait-on écrire – tiennent encore, à leur façon, debout. Une corde les relie, sinon au ciel, du moins à l'idée verticale à laquelle se raccroche l'humain.
Le roman de Civico, qui aurait pu s'intituler Rompre, est une très étrange histoire de pendaison – mais qui est pendu, et à quoi, et quelle est la nature de la corde qui nous relie à l'autre, à notre passé, voilà ce que le récit explore en tressant deux récits partageant sans doute la même ADN désemparée.

Il y a l'écorce et il y a la peau. Il y a un soldat en plein désert, dont la mission consiste à "sécuriser un périmètre". Il y a un père, seul avec sa fille, et relié à elle par un cordon ombilical, un tuyau chargé de véhiculer sans doute autre chose que des nutriments et de l'oxygène. Quelque chose de moins tangible relie également les hommes des deux récits, mais il reviendra au lecteur d'en déterminer la nature. 

Au début, on est dans le désert. Le soleil est torture, il vous "traque", fait de vous sa "proie". C'est pourquoi "il faut laisser pousser la nuit", ainsi que l'annonce le narrateur. Oui, car la mission de ce régiment décimé et réduit à quatre soldats consiste à reprendre un "puits" au milieu de nulle part. Autour de ce puits, six hommes, "de l'autre côté de la ligne de mire" – c'est le premier cordon, cette ligne de mire, un conduit invisible chargé de transmettre à l'Autre un peu de la mort accumulé en soi. Ici, la guerre se résume à une soustraction autour d'un point d'eau, comme si la soif et la mort étaient liés de toute éternité.

Ailleurs, l'homme au cordon, le père lié à sa fille, découvre la peur de l'attachement. Peut-être parce que le cordon est "neutre", n'appartient à personne, "un corps extérieur". L'incongruité du phénomène dissimule mal la poignante beauté qu'il symbolise, ou plutôt incarne. Car chez Civico, les doutes, les souffrances, les attentes, le poids du passé, la force du renoncement sont, profondément, des sensations corporelles, voire des parties du corps. Même les regards sont des moments de chair. Est-ce à dire que ses protagonistes, châtrés d'on ne sait quelle psychologie, ont renoncé à penser? Disons plutôt qu'ils s'en remettent à la persistance de leur carcasse, comme si, à l'instar des pendus de Villon, ils savaient que les morts sont autant "ballottés" que les vivants. Et, fort de cette persistance, ils tiennent bon.

La peau, l'écorce tient bon, lui aussi, et tient fort; il prend le pari que "rompre" est un geste née de l'attente, pas seulement de la violence. Fable fiévreuse affranchie des morales faciles, le roman de Civico semble épris de perdition, mais qu'on ne se trompe pas: il peaufine en douce une éthique de la décision.

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Alexandre Civico, La peau, l'écorce, éd. Rivages, 16 euros

lundi 23 janvier 2017

Des bulles, des angles, et même un saumon

Le premier chapitre du Jérusalem d’Alan Moore commence par l’introduction d’un des personnages : Alma Warren. On remarquera que Moore commence par le mot « Alma », un prénom assez riche, ayant le mérite alphabétique de commencer par un A. Un mot qui renvoie, étymologiquement à l’eau, via l’arabe, mais aussi lorgne du côté du latin, étant le féminin d’almus, qui signifie nourricier, bienfaisant (il inaugure le deuxième vers du De Natura Rerum, tiens donc).

Ce qui est ici amusant, c’est qu’en fait Alma Warren, dans le livre, est tout sauf bienfaisante (ou alors à la façon d’une érynnie). Alma est peintre de son métier, aussi grande de taille qu’impressionnante psychiquement, elle a — [ la suite:  


                           ICI. [

jeudi 19 janvier 2017

La mort du briquet

"Conçu pour permettre à la main de devenir poing mais sans violence, il exige du pouce une souple dextérité à laquelle notre lignée simiesque nous a mal préparée. On l’approche du visage comme si notre nez était de cire, afin d’éclairer une bouche avide de braises. Dans la poche, il est ce couteau tronqué dont la lame doit rester prudemment muette. Le prêter, dans une fête ou aux abords d’un bûcher, autant l'oublier tu le sais. Il ne reviendra pas, étant voué à disparaître entre les lèvres de l'un et la table de l'autre. Parfois, crispé d’or, nabab, grouillant de carats, il trône sur la table en verre dépoli, à deux doigts de toi, tristement monolithe. Jette-le dans l’âtre, tu verras – s’il explose c’est déjà ça."


(extrait de La Nature des choses, à paraître un jour…)

Love is in the hair


mercredi 18 janvier 2017

La foire aux atrocités d'Hassan Blasim

© Ahmed al-Nawas
J'aime les livres qui vous sautent à la gueule alors que vous venez à peine de les poser sur vos genoux. Les livres qui vous giflent plus vite que vous n'osez les compulser. Des ceintures d'explosifs intelligents que le hasard ceint sèchement autour de nos crânes amollis. Il en faut.

[Le lecteur pressé, s'il n'a pas le temps ou la patience de lire ma fastidieuse recension, n'a qu'à passer à la citation finale, qui le convaincra mieux que moi.]

C'est le cas de Cadavres Expo, un formidable recueil de nouvelles signé Hassan Blasim et publié au Seuil sous la houlette de Marion Duvert, une éditrice avisée à laquelle a succédé récemment Pierre Demarty, qui a eu la bonne idée de m'envoyer ce livre, merci l'ami. J'en ai pris plein la page. Et je comprends mieux maintenant la petite phrase de William T. Vollmann qui, au dos du livre, nous aide à y pénétrer :
"Blasim est un artiste de l'effroyable et de l'extraordinaire, doté d'un style tranchant à la Hemingway et d'un humour ravageur qui doit lui être inspiré par la Grande Faucheuse en personne."
Une fois de plus, Vollmann (qu'a traduit Demarty) a vu juste et fort. Et en lisant Hassan Blasim, il est vrai qu'on pense au dernier recueil encore inédit en France de W. T. Vollmann, Last Stories and Other stories (à paraître chez Actes Sud, traduit par Demarty). On pourrait également invoquer George Saunders. Et bien sûr Edgar Poe, instinctivement (la feinte froideur retransmise depuis un tréfonds poreux?) Car dans tous ces cas, il s'agit de violence à la sauce merveille.

Hassan Blasim est un cinéaste et écrivain d'origine irakienne, qui vit actuellement en Finlande où il s'est réfugié en 2004 après que le tournage d'un de ses films, The Wounded Camera, lui ait attiré quelques problèmes. Traduit depuis 2009 en anglais, il l'est enfin en français avec son dernier recueil de nouvelles, même si la dernière du recueil français (bonus?), elle, est extraite de son avant-dernier recueil, Le Christ irakien, qu'on espère pouvoir lire ici un de ces soirs, terribles soirs.

Les nouvelles de Blasim sont de vivants récits aux plaies durables et fantasques. Leur narrateur, souvent défunt, souvent malgré lui, n'est pas du genre à se répandre en reproches, il sait que la limite entre victime et bourreau peut être mentale, géographique, imaginaire. Dans ce livre, des bombes explosent, certes, mais comment en serait-il autrement dès lors que le contexte est la guerre, celle entre l'Iran et l'Irak entre 1980 et 1988, puis celle du Golfe entre 1990 et 1991 (avec le Koweït)? On parle ici de plus d'un million de victimes. Que certains de ces morts s'expriment à travers Cadavre Expo de Hassan Blasim ne devrait pas nous étonner, même si tout étonne dans ce livre peuplé de djinns, de couteaux magiques, de trous temporels, de mots croisés surréels, de romans revenant incessamment du front à travers le sang d'encre des morts. De femmes fortes, aussi. 

En revanche, ce qui est étonnant, c'est la tonalité choisie par Blasim, une tonalité à la fois doue et sèche, capable d'accueillir sans heurt ou presque les pires horreurs, comme si la narration, en sa qualité de peau cicatrisée, préférait ne pas trop vibrer à l'écoute de ses organes dévastés mais laissait ces derniers accéder au rôle de témoins. De là, un effet de lecture prodigieusement captivant, où bourreaux et victimes, à l'ombre rêche des dictatures, échangent leurs coordonnées mentales et affectives avec un dévouement et un fatalisme qui nous épargne le pathos sans nous masquer la douleur. Ici, la politique, en sa profonde déshérence, n'a plus que des coups à rendre.

Dans ces nouvelles, tout est affaire de rituel. Comment tuer, mourir, survivre, mais en respectant le protocole. Quel protocole? Autant demander: quelle est la couleur de cette bombe? Or Blasim l'interroge, cette couleur, en permanence, mais plutôt que de lui demander des comptes, il travaille au décompte de ses nuances, tout en conservant un optimisme impossible:
"La vie est belle, mon ami. Profites-en au lieu de te tourmenter. Moi, j'enseignais la poésie à Bagdad. Je crois qu'il va pleuvoir. Un jour, nous percerons le secret, ou nous trouverons une issue… En attendant, ce qui est important, c'est que la chaîne sonne bien, c'est sa musicalité…"
Et le fait qu'elle sonne, la chaîne de Blasim. Tout est ici affaire de magie. De revenants. De décapités. De sauvés. D'évadés. Souvent, un narrateur est là pour dire celui qui a perdu la voix et la présence. Ce qui arrive est cruel, injuste, selon la perspective, qui est si changeante selon les fractions armées. Des âmes déboussolées, des corps démembrés, mais aussi des voix épargnées, des voix qui persistent. La langue de Blasim semble simple mais maîtrise la disjonction émotionnelle à un haut degré technique. Grâce à elle et la magnifique traduction d'Emmanuel Varlet, nous marchons sur des ossuaires chantants où le fantastique est devenu, par un tour historique aussi improbable qu'inéluctable, la seule façon de conter le carnage à l'aune de la survie :

"A l'évidence, le Ciel avait une dent contre moi. Un sac plastique gris tout déchiré est passé, et j'ai su que c'était le voile de ma mère. Il y a eu aussi un cerveau calciné, mais avec de grandes ailes; un banc de poissons dévorant les dernières miettes d'une petite fille; les serpents volants de l'embargo, enroulés autour de leur nourriture constituée d'hommes et de rêves; tous les sous-vêtements de ma femme, l'un tâché de sang, un autre de sperme, un troisième d'encre, et ainsi de suite; tous mes vieux carnets qui volaient avec leurs ailes de papier; des scorpions au fond d'une bouteille; mes chemises d'été, des médicaments périmés, des boîtes de lait infantile;  des pains qui battaient de leurs ailes fécales; des poèmes qui faisaient pipi dans leur pantalon comme des enfants handicapés; des chiens sauvages et des soldats; les gardes-frontières de tous les pays où j'étais entré à pied; mon frère, louchant, coiffé d'un turban d'imam; les doigts sectionnés et sanguinolents; ma fille Maryam, dans sa poussette, défigurée par tout l'amour que je lui portais; mon épouse tirant d'une trompette des hululements de hibou."



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Hassan Blasim, Cadavre Expo, traduit de l'arabe (Irak) par Emmanuel Varlet, éditions du Seuil, 2017

mardi 17 janvier 2017

Thomas Mann et la Traduction magique

Une nouvelle traduction de La Montagne magique? On applaudit, forcément. D'ailleurs, il n'y a qu'à admirer la couverture de cette nouvelle traduction pour comprendre qu'elle est magique (et montagneuse). Un énorme bandeau annonce en caractères aussi gros que le titre qu'il s'agit d'une "nouvelle traduction"; cette mention est même assortie d'un "blurb" de Marie Darrieussecq: "Un nouveau souffle pour La Montagne magique, un sommet".

Ce nouveau sommet est un véritable soufflé magique, en effet, on ne peut plus soufflant et assurément magique: le nom de la traductrice, Claire de Oliveira, ne figure tout simplement pas en couverture. Pudeur éditoriale? L'édition précédente chez Fayard, dont la traduction était signée Maurice Beitz et qui datait de 1931, portait, elle, la mention du nom du traducteur. Bref, l'ancien traducteur a été remplacé par la nouvelle traduction… Le travailleur par le travail…  Mais il est vrai que le nom de Darrieussecq est sûrement plus attractif que le nom d'Oliveira. Et qu'on est ravi d'apprendre que la montagne est un sommet. On en grimpe de joie.

Un nouveau souffle? Pour les traducteurs qui se battent constamment afin que leur nom apparaisse sur la première de couverture, l'effet est plutôt celui d'un vieux relent. Il faut dire que lorsqu'ils réclament d'être mentionnés en couverture – ce qu'ils peuvent faire par clause spéciale dans le contrat –, on les soupçonne aussitôt de mégalomanie, d'orgueil, de vanité, etc. – même si bien sûr l'éditeur, méfiant de leurs prérogatives, est ravi de les envoyer au charbon quand il s'agit de répondre à des entretiens portant sur le caractère nouveau de ladite traduction (surtout quand l'auteur est mort…), ou même de se plier à une séance de dédicaces (comme chez Gibert Joseph le 3 décembre). A ce propos, on lira avec intérêt l'entretien accordé par Claire de Oliveira au site TV5-Monde.

Ah, j'allais oublier de conclure ce poste. Il lui faut une morale. Hum. Une morale? Hélas, je n'en vois aucune dans cette histoire.

lundi 16 janvier 2017

Moore, Journal de Traduction, épisode 1

Le jeudi 26 novembre 2015, je commence ma traduction du Jérusalem d'Alan Moore. Le moteur cliquette encore un peu à froid mais c'est normal. On va suivre l'aventure de près, vous et moi, si vous le voulez bien…
C'est parti. 
Comment appréhender un texte, comment le tenir, le retourner, le palper ?
Pour l’instant, le roman de Moore, tel qu’il me parvient en pièces jointes par l'éditeur, ressemble à des membres épars. Trente-cinq fichiers Word, un par chapitre. Impossible d’avoir une vision globale, de feuilleter, sauf à cliquer, ouvrir, cliquer, ouvrir, faire défiler.
Bien sûr je pourrais…                                            [La suite ici].

samedi 14 janvier 2017

Précis de dévoration

"J’ai passé presque quatre mois de ma jeunesse dans l’aile psychiatrique d’un l’hôpital où mes parents avaient cru bon de m’établir comme à demeure.

Ces professionnels de la destruction s’étaient lassés de mes excentricités et comptaient sur la médication (sur la fée Électricité ?) pour assagir des penchants qu’ils estimaient superflus, voire toxiques. Du moins est-ce ainsi que j’interprète les choses, avec le recul, et non sans malveillance. Il se peut qu’ils m’aient simplement mis en pension, ou se soient absentés du domicile pour me laisser seul avec mes lubies. Il n’en reste pas moins que j’eus le sentiment d’être interné au sein d’une liberté imposée. Comprenne qui pourra, je n’en ai quant à moi guère le courage.

Au milieu des baveux et des gémisseurs, entre des murs sur lesquels le foutre et le sang traçaient des contrées hideuses, le nez pincé pour contrer les fumets d’idiotie qui changeaient mon nouvel univers en claque forain, j’en ai profité pour étudier les actes et les dits des poètes, peser les aveux des poètes, patauger dans les entrailles des poètes, sucer la moelle des poètes, compter les poils du cul des poètes… Leur systématique dévoration m’a permis de comprendre que l’équation de nos vies est d’une cruelle simplicité. Nous sommes nous-mêmes moins nos crimes ; nos fautes nous rendent excédentaires à notre être originel. Elles nous grandissent, certes, et nous fortifient, mais elles nous déforment également et parfois nous rendent hideux ; dûment punis, donc purgés, il ne tient qu’à nous de retrouver nos dimensions premières. Lesquelles, parfois, hélas, se résument à bien peu. C’est à croire que nous ne sommes rien, en définitive, une sorte de résidu sans dimension, que seules nos échauffourées étoffent peu à peu.

Voilà le genre de philosophie qui m’aidait à supporter les rires caprins des attardés et les doigts gélatineux des concupiscents. Autant dire que je méritais à peu près tout ce qui m’arrivait."

(Extrait de Hors du charnier natal, éditions Inculte)


vendredi 13 janvier 2017

Jérusalem: le Blog


Les éditions Inculte ont eu la bonne idée de créer un site dédié à Jérusalem, le roman d'Alan Moore dont ils m'ont confié la traduction, roman de plus de 1200 pages qui sortira le 30 août 2017.

Je vous invite donc vous y rendre régulièrement, à en parler, à faire circuler l'adresse, etc. Ce site comporte plusieurs sections: vous y trouverez des articles de presse, des extraits traduits (pour l'instant, vous avez droit à un large extrait du premier chapitre), à des vidéos… et à un blog concernant la traduction en français de Jérusalem, blog que j'alimenterai régulièrement dès la semaine prochaine (en évitant les spoilers, rassurez-vous…) – quelques posts y figurent déjà, repiqués du Clavier Cannibale. En attendant que vous vous ruassiez(1) dessus, voici la présentation que j'ai écrite pour le Jérusalem d'Alan Moore:

Et si une ville était la somme de toutes les villes qu’elle a été depuis sa fondation, avec en prime, errant parmi ses ruelles, cachés sous les porches de ses églises, ivres morts ou défoncés derrière ses bars, les spectres inquiets ayant pris part à sa chute et son déclin ? Il semblerait que toute une humanité déchue se soit donné rendez-vous dans le monumental roman d’Alan Moore, dont le titre – Jérusalem – devrait suffire à convaincre le lecteur qu’il a pour décor un Northampton plus grand et moins quotidien que celui où vit l’auteur. 
Partant du principe que chaque vie est une entité immortelle, chaque instant humain, aussi humble soit-il, une partie vitale de l’existence, et chaque communauté une cité éternelle, Alan Moore a conçu un récit-monde où le moindre geste, la moindre pensée, laissent une trace vivante, une empreinte mobile que chacun peut percevoir à mesure que les temps semblent se convulser. 
Il transforme la ville de Northampton en creuset originel, dans lequel il plonge les brûlants destins de ses nombreux personnages. Qu’il s’agisse d’une artiste peintre sujette aux visions, de son frère par deux fois mort et ressuscité, d’un peintre de cathédrale qui voit les fresques s’animer et lui délivrer un puissant message, d’une métisse défoncée au crack qui parle à la braise de sa cigarette comme à un démon, d’un moine du IXe siècle chargé d’apporter une relique au « centre du monde », d’un sans-abri errant dans les limbes de la ville, d’un esclave affranchi en quête de sainteté, d’un poète tari et dipsomane, tous sentent que sous la fine et fragile pellicule des choses, qui déjà se fissure, tremblent et se lèvent des foules d’entités. Des anges ? Des démons ? 
Roman de la démesure et du cruellement humain, Jérusalem est une expérience chamanique au cœur de nos mémoires et de nos aspirations. Entre la gloire et la boue coule une voix protéiforme, celle du barde Moore, au plus haut de son art.


(1) Si certains ne connaissent pas le verbe ruasser, qu'ils me le fassent savoirer.

jeudi 12 janvier 2017

Typologie des livres qu'on a lus (ou presque)

De toute évidence, la liste des livres qu'on n'a pas lus s'étend à l'infini et prend même ses aises malgré nos efforts, ce qui rend assez ridicule la liste des livres qu'on a lus. Mais, concernant cette deuxième catégorie, celle des livres qu'on a lus, on peut procéder à des sous-catégories intéressantes, qui permettent de mieux cerner notre addiction à la lecture:

1/ les livres qu'on ne se rappelle pas avoir lus (mais qu'on sait qu'on a lus pour de nébuleuses raisons);
2/ les livres qu'on a pas finis (mais sans pouvoir savoir exactement à quel endroit on s'est arrêté);
3/ les livres qu'on croit avoir fini mais en fait non (plus nombreux qu'on ne le croit);
4/ les livres qu'on a pas lus mais qu'on croit avoir lus (ils sont légion);
5/ les livres qu'on a détestés (moins nombreux qu'on ne le pense);
6/ les livres qu'on a lus parce que forcés et contraints et que souvent on n'a pas aimés (ils auront leur  glorieuse revanche);
7/ les livres qu'on a lus en se forçant à les aimer parce qu'ils étaient écrits par des proches (ils font partie intégrante de notre dimension compassionnelle et faux-cul);
8/ les livres qu'on a aimés parce que la personne qui vous les conseillait nous était chère (ils ont permis de mettre fin à certaines affections);
9/ les livres qu'on a lus parce qu'il n'y avait rien d'autre à lire sous la main (ils sont souvent esclaves du hasard objectif, heureusement);
10/ les livres qu'on a lus et qui nous ont changé radicalement (nous aimons croire qu'on peut changer);
11/ les livres qu'on a lus à haute voix (trop rares);
12/ les livres qu'on a oubliés dans le train (on se demande longtemps pourquoi):
13/ les livres qu'on a lus sans rien y comprendre (avec fierté et honte à parts égales);
14/ les livres qu'on a lus au vu de tous pour se faire mousser (ça marche rarement);
15/ les livres qu'on a lus quand on avait de la fièvre (ils restent mystérieusement troués et voilés);
16 les livres qu'on a lus à toute vitesse comme si on avait soif (sensation très nette de flou);

Il serait également intéressant de dresser une liste des raisons pour lesquelles on n'a pas encore lu tel ou tel livre: appréhension, procrastination, désintérêt, dégoût, ignorance, naïveté, etc. Par exemple, en fin d'année, alors que j'avais dix mille choses à lire, j'ai préféré emporter le Don Quichotte que je n'avais jamais lu. Là, on tombe dans des catégories fascinantes: celles des livres qu'on a pas "encore" lus, mais qu'on a l'impression de connaître parce qu'on aurait "dû" les lire depuis un bail, et dont on connaît grosso modo les grandes lignes et l'impact. On pénètre l'autre par le bout du familier. On entre en connaissance de cause mais pas d'effet.

Mais ma liste préférée reste celle des livres qui, sortis de nulle part, vous entraînent lentement au fond d'eux-mêmes sans prévenir, à votre insu, presque. Ils résistent autant qu'ils donnent, comportent des zones insondables qui guettent notre maturation improbable. Ils déforment les poches de la mémoire, laissent des angles dans les coussins de notre confort. Leur charge thermique se fait sentir bien après qu'on les a serrés entre nos doigts. Ils sont muets mais riches. Discrets mais doués en extase. Ils sont amphibies, mobiles, gais dans la douleur et tourmentés dans l'aise. Tout sauf immobiles. Ils nous habitent et explosent lentement. Ils n'ont pas de moi, pas d'ego, pas d'ambitions, ils boitent et bégaient, mais leurs ongles poussent bien après la fermeture de la couverture qui les obscurcit. Leur voix est un visage, et leur visage un muscle. Ils sont étrangers à eux-mêmes, sous-tendus par un métissage des formes riche en devenirs. On les lit comme si on se noyait dans une lumière avide. A côté deux, tous les autres livres ressemblent à des bigorneaux pourvus d'un appareil dentaire qu'ils prennent pour une prothèse pénienne. 

mercredi 11 janvier 2017

Lisbonne Trash-Pics

Sic transit

© Camilla Watson, largo dos Trigueiros

La niut, tard

Des hommes qui tombent

Racines d'ombres

But where is my fugu?

mardi 10 janvier 2017

Pourquoi les femmes sont payées moins que les hommes: la réponse du Barbier

Chers travailleurs de sexe masculin, soyez rassurés. Jamais les femmes ne seront payées autant que vous à compétence égale.

C'est Christophe Barbier, de l'Express, qui nous l'a très sérieusement expliqué l'autre jour dans l'émission "C dans l'air" (et non "sédentaire" ou "c'est dentaire", comme on peut le croire au visionnage de l'émission). La raison? La voici:
"Le jour où des femmes bien payées arrivent à la retraite, ça explose en vol. Tout le monde va applaudir, mais les entreprises vont avoir beaucoup de mal à encaisser ce surcoût de main-d'œuvre."
C'est vrai que dit comme ça, ça tombe sous le sens. Du coup, on comprend enfin pourquoi les hommes sont mieux payés que les femmes, à compétence égale. C'est pour permettre aux entreprises de supporter les coûts de la main-d'œuvre. Payer plus une femme, en gros, c'est dépenser plus de sous. Dingue, non? Ce n'est donc pas réaliste. D'où l'intelligence et la prudence économique du mâle qui a eu l'idée géniale de sous-payer les femmes à compétence égale pour éviter une catastrophe économique. Il ne l'a pas eue, cette idée, motivé par un détestable sentiment de supériorité, vous pensez bien, mais simplement poussé par une conscience économique imparable. Ah, Christophe Barbier, que votre analyse est juste. Dommage que les femmes ne l'aient pas eu avant, cette idée. Mais peut-être que pour avoir de telles idées, il faut être mieux payé qu'une femme, à compétence égale.

Ce qui est sûr, en tout cas, "à compétence égale", c'est que ce genre de conneries est sûrement plus payante. Bonjour, nous sommes vendredi 13 [sic] et ça ne s'arrange pas.

La contribution, un piège à con ?

Cher Amazon.fr,

Désolé de te déranger en pleines ventes forcenées, mais je voulais juste te signaler une petite erreur.

Sur la page correspondant à mon dernier livre paru, Hors du charnier natal, tu fais figurer, en regard de la mention de mon nom, ceci:


Alors forcément, ça instille en moi un doute, même si je me sais passablement broché. Parce que si je ne suis qu'un des contributeurs de mon livre, qui sont les autres? Pourquoi ne sont-ils pas nommés? Les connais-je seulement? Sont-ils morts, vivants, morts-vivants? Sont-ce des marcheurs blancs tout excités à la perspective de l'hiver qui vient? Mais peut-être est-ce ta façon post-moderne à toi de rappeler le subtil distinguo entre écrivain/auteur?

Quoi qu'il en soit, ça fait toujours plaisir d'apprendre qu'on a contribué à l'élaboration de son propre livre. Bref, sois assuré de ma confiance en ta gestion de l'information qualitative et la rotation techno-prophylactique des stocks. Et encore bravo à tous les amoureux de la littérature qui mettent des liens amazon.fr sur leurs blogs. Ils sont ainsi assurés d'être, eux aussi, de mystérieux contributeurs de ta gloire marchande.

En attendant ta précieuse rectification, je file chez mon libraire pour contributiner.

Douteusement,
Claro

Dernier stratagème avant la fin du monde

                             

                             Jeudi 12 janvier, à 20h

La librairie Le Comptoir des Mots
(239 rue des Pyrénées 75020 Paris)

vous convient à une rencontre

avec Jason Hrivnak et Claro (son traducteur)

à l'occasion de la parution de

La Maison des épreuves
(éditions de l'Ogre)




« Ce livre a juste besoin d’une sorte de bandeau – dans les librairies, dans l’espace virtuel, n’importe où – indiquant ce qu’il a l’intention de faire : Je veux extirper de tes pires cauchemars quelque chose qui y est tapi et ne pourra plus jamais y être renfermé. » — Jason Hrivnak

« Première règle de La Maison des Épreuves : tout le monde parle de La Maison des Épreuves. Hrivnak écrit comme un ange déjanté et signe un premier roman aussi addictif qu’ahurissant. » — Lynn Crosbie


jeudi 5 janvier 2017

Une femme léopard à Charybde



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"Ce livre fait partie d’une histoire familiale plus vaste, un système circulatoire comportant des morphinomanes et des héroïnomanes, des réfugiés, des comtes ioniens, une des plus riches familles des Etats-Unis ayant dilapidé sa fortune en essayant de ressusciter le théâtre grec antique, des Juifs lithuaniens, une demi-douzaine de musiciens, un peintre, plusieurs poètes (dont l’un candidat au prix Nobel) et des lesbiennes, des trafiquants d’opium, des faussaires, des serveuses, des entraîneuses de bastringue, une effeuilleuse du nom de Melena la Fille-Léopard (un de ses nombreux noms de scène), et un nain (un de ses cinq époux), qui tous  finirent par échouer sur les rivages de notre patrie américaine. Cette histoire débute en des temps et des lieux ignorés de nous – dans les plaines ambrées d’Anatolie, sous la lumière dorée de l’Attique,  dans les ombres de la Forêt Noire, avec des mariniers et des beaux esprits –, serpente à travers les premiers arpents de l’histoire écrite sur ce continent, parcourt l’Europe bohème et l’Amérique, et s’écrase contre l’histoire ordinaire de tous ces gais projets familiaux qui ont mal tourné."

Ainsi débute Animale machine, d'Eleni Sikelianos, qui paraît cette semaine en traduction aux éditions Actes Sud – certains d'entre vous ont peu-être lu Le Livre de Jon, dans lequel l'auteure explorait l'image-souvenir, à jamais diffractée, de son père. Dans Animale machine, la figure centrale bien que sans cesse décalée est sa grand-mère Melena, la Fille-Léopard. Des faubourgs de Smyrne au désert américain, des soirées bouzouki aux pierres semi-précieuses du rêve, Eleni Sikelianos s'attache à l'ombre fuyante de cette "féline" insaisissable, en tissant documents d'époques, récits fragmentaires, poèmes, digressions, souvenirs, entretiens, créant ainsi un vivant cabaret mnésique pour que danse une fois de plus Melena, et avec elle d'autres femmes fortes.

A l'occasion de la venue d'Eleni Sikelianos, à Paris, une rencontre-lecture à ne pas manquer :
le samedi 7 janvier 2017
Rencontre avec Eleni Sikelianos
à la libraire Charybde – 19h
129 rue de Charenton, 75012 Paris
(en présence de son éditrice et de son traducteur)
Venez nombreux!

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Eleni Sikelianos, Animale machine, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Claro, éd. Actes Sud

Note: Rappelons que, outre Le Livre de Jon et Animale machine, plusieurs recueils d'Eleni Sikelianos ont été traduits en français par les soins de Béatrice TrotignonLe poème Californie et Du soleil, de l'histoire, de la vision (éd. Grèges) – un autre recueil est en préparation. Par ailleurs, la librairie Charybde a déjà reçu Eleni Sikelianos, lors de la parution du Livre de Jon, le 16 mai 2012. 


mercredi 4 janvier 2017

Jamais sans mon glow: la magie Beauman

Je pourrais essayer de vous résumer l’intrigue de Glow, le nouveau livre du jeune prodige anglais Ned Beauman, mais ça risquerait de prendre trois cents pages, autrement dit autant de pages qu’en comporte ce roman qui se déroule si on peut dire en temps réel – quinze jours de mai 2010, découpés en heures précises, plus une coda. Pourquoi ? Parce que en plus d’être le digne successeur du Pynchon de La vente à la criée du lot 49, Glow semble se nourrir de sa propre substance – clairement illicite – pour faire de l’intrigue un processus chimiquement instable. On pourrait d’ailleurs dire de ce roman ce qu’un des personnages, Isaac, dit de sa vision rêvée du corps :
« Imagine que ton corps soit presque entièrement composé de doigts, et que ces doigts puissent se plier, se tordre et se tortiller dans tous les sens, qu’ils aient des ventouses au bout et qu’ils soient truffés de fibres sensorielles. Imagine un peu la densité synaptique qu’il te faudrait pour gérer tout ça. »

Eh bien, le lecteur va apprendre à jouer du synapse grâce à la prose hyper dopée de Beauman, pour qui toutes choses ou presque peut s’expliquer de façon chimique, qu’il s’agisse des sentiments, des motivations humaines, des renards, de la lumière, etc., sans que pour autant son univers en soit dé-poétisée. C’est en fait le contraire qui se produit, et les drogues – présentes sous d’innombrables formes dans le roman – ne font que rehausser la grammaire du réel que Beauman change tambour battant en attraction psycho-foraine. Au départ, ce pourrait être une simple histoire de ravers en quête d’ectasy qui fricotent autour d’une radio-pirate, mais très vite ça devient un techno-thriller où tout est plus birman qu’on ne le croie. Ça commence par un couple nu dans le tambour d’un sèche-linge et ça finit en extase boréale. La terre tourne, les têtes tournent, et la bille du récit n’en finit pas de rebondir sur les différentes cases de la roulette folle que fait tourner l’auteur.

Il faut dire que le personnage principal – Raf, 22 ans – souffre du syndrome hypernycthéméral. Son rythme circadien est donc déréglé, ce qui veut dire en gros que son horloge interne comporte 25 heures, d’où un décalage plutôt fâcheux avec le train-train jour-nuit. Pas de traitement connu – alors autant s'exploser en marge. C’est ici qu’intervient une nouvelle substance, aussi rare que mythique – le « glow » –, dont la seule rumeur (et les enjeux qu’elle semble avoir mis en branle) équivaut à une menace.  Apparemment, le glow intéresse une société minière, Lacebark, qui cherche à diversifier ses activités (et éponger ses dettes), suite une aventure industrielle assez calamiteuse en Birmanie. Lacebark ne reculera devant rien pour imposer sa loi au marché. Et le pauvre Raf se retrouve pris entre l’écorce complotiste et son idylle avec Cherish. En plus, il doit s'occuper d'un chien et apprendre à réussir le curry. J’arrête là le résumé, qui, je l’ai dit, nous emmènerait trop loin.

Ned Beauman a le chic pour bombarder son lecteur d’informations scientifiques, relatives aux diverses réactions chimiques que notre corps expérimente à son insu ou non, sans pour autant jamais nous égarer, et ce grâce à un bon sens didactique qui fonctionne à la fois au carburant trivial et aux vitamines poétiques. Par exemple, la copine de Raf s’enfile une rasade de vodka pour d’excellentes raisons :
« J’ai eu deux orgasmes, alors j’ai le cerveau rempli d’ocytocine […], ce qui ne va me donner envie d’établir un lien de couple avec toi et ensuite, disons, de pleurer quand tu n’appelleras pas. Mais l’alcool contrarie la production d’hormones de l’hypothalamus et de l’hypophyse. Donc si je bois une substance neurotoxique juste après qu’on a baisé, je n’établis pas autant de lien avec toi. »

CQFD ? Tout comme. Après cette info, on peut aller s’égarer entre Mandalay et la frontière avec le Yunnan, à Gandayaw. Oui, c’est parti. Kidnapping, curry, renard intelligent, fourgonnettes blanches, neurotransmetteurs catécholiques, Lotophages, jungle birmane… Avec Beauman, le trip est le message, et le lecteur a vite « les pupilles du diamètre d’un obusier ». C'est à peine une exagération, S’il ne vous reste plus d’éthylbuphédrone, n’hésitez pas : défoncez-vous à Glow. C’est la meilleure façon qu’on ait trouvée jusqu’ici de bien commencer l’année.

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Ned Beauman, Glow, traduit (avec brio) de l’anglais par Catherine Richard-Mas, éditions Joëlle Losfeld, 22 €