jeudi 21 janvier 2016

Le livre, cet invité de marque (un but)

C'est fou comme la littérature inspire les marques. Prenez Loft design by, par exemple. Vous ne connaissez pas? Moi non plus, tant mieux. Eh bien il s'agit apparemment d'une marque de prêt-à-porter, enfin c'est ce que nous explique dans un mail un certain Marco, "attaché de presse sur le digital chez Dresscode". Bon, là, je m'interroge. Ça veut dire qu'il existe un type sur la planète, quand on lui demande ce qu'il fait, il vous répond: "Oh moi? je suis attaché de presse sur le digital chez Dresscode." Ça calme. Bon, passons. Si ça se trouve, c'est hyper cool d'être sur le digital de Dresscode, du moins si on comprend ce que ça veut dire. Bref, tout ça pour vous expliquer qu'il existe des gens payés pour envoyer des mails dans lesquels on peut lire la proposition suivante:
"Je me permets de vous contacter pour vous inviter sur un événement qui pourrait vous plaire.
En effet, le 28 Janvier, la marque de prêt-à-porter Loft design by organise leur première soirée de lecture au sein d’un de leur magasin.Il s’agira de la lecture du nouveau livre de Nicolas REY (Les enfants qui mentent n’iront pas au paradis) accompagné musicalement de Mathieu SAÏKALY.
La marque souhaite partager son amour de la littérature avec vous."
Quoi? Une "marque" souhaite partager son amour de la littérature avec moi? Ça me semble déjà plutôt louche en soi, mais surtout, si tel est son "souhait" pourquoi me parle-t-elle de Nicolas Rey?  Quel rapport? Mystère.

Ce qui est sûr, c'est que de plus en plus, et ce avec un naturel de bon aloi, allègrement exempt de tout complexe (je reste poli, je ne sais même pas pourquoi, alors qu'un lexique scatologique me semblerait mieux approprié vu le contexte), les vendeurs de produits cherchent à enrôler le livre sous leurs clinquantes bannières. Et à chaque fois bien sûr, c'est la même chose. On voudrait nous faire croire que ces marques ont à cœur la création et veulent aider les créateurs, alors que ce sont les "créateurs" – et pas n'importe lesquels, hein, ceux qui veulent juste vendre, parce que c'est plus fun que d'écrire – qui sont payés pour faire la retape des marques. 

A moins que les marques aient compris un truc qui nous avait peut-être échappé, à savoir que désormais certains écrivains rédigent leurs livres comme s'ils mettaient au point des produits de placement. Il n'y a pas si longtemps, déjà, Nicolas Rey faisait de la pub pour une marque de lingerie (plutôt que le contraire, normal). Bon, là c'est pour une lecture-concert, qu'il a déjà étrennée plusieurs fois… à la Maison de la Poésie – hum, oui, bon, passons. Moi je dis: amis écrivains, allez plutôt chez Darty, puisqu'il semblerait que vous ayez gravement besoin d'un service après vente.


3 commentaires:

  1. pas tout compris, mais pas grave, on t'explique
    "DRESSCODE est une agence de relations publique axée sur le luxe et la mode [...] avec l’intuition que le discours des marques empruntait un nouveau chemin."
    et voila, bete comme chou (traduit : pour les ploucs)
    Mark Twain disait bien que "le chou-fleur etait comme le chou mais avec une education universitaire".
    pour revenir au susdit Marco : la pipeautique c'est son rayon (et ce qu'on y met dessus, c'est au choix un nouveau livre (ca s'appelle comme cela ?)ou de la musique (ce qui sert a faire des sonneries de portable).
    tout le reste n'est que consommable........

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est gentil de tout bien nous expliquer comme il faut, M'sieur Jean-Louis.

      Supprimer
  2. "alors qu'un lexique scatologique me semblerait mieux approprié vu le contexte"

    celle-là je la note !

    RépondreSupprimer